6

I

ACCÈS D’ENTRETIEN BLANC 9-10-42 ; 1200 HEURES.

Les hommes étaient venus et étaient partis depuis longtemps, des hommes-à-coquilles, avec des fusils. Satin frissonna, se dissimula dans l’ombre du monte-charge. Beaucoup avaient fui quand les lukas avaient pris les choses en main, d’autres encore avaient fui quand les inconnus étaient arrivés, par les passages que les Hisas pouvaient utiliser, les passages étroits, les tunnels obscurs où les Hisas pouvaient respirer sans masque alors que les hommes ne le pouvaient pas. Les hommes du Là-Haut connaissaient ces passages mais ne les avaient pas encore montrés aux étrangers, et les Hisas étaient en sécurité, bien que quelques-uns fussent en train de pleurer, dans le noir, en bas, tout en bas, afin que les hommes ne puissent pas les entendre.

Il n’y avait pas d’espoir. Satin fit la moue, recula et s’accroupit, attendit que l’air ait changé, gagna le refuge de l’obscurité. Des mains se posèrent sur elle. Cela sentait le mâle. Elle siffla sa désapprobation, chercha l’odeur de celui qui était à elle. Ses bras l’entourèrent.

Elle posa une tête fatiguée sur une épaule dure, réconfortant tout en étant réconfortée. Dent-Bleue ne posa pas de questions. Il savait que les nouvelles n’étaient pas bonnes, car il l’avait dit quand elle avait insisté pour aller voir.

Il y avait des problèmes, de gros problèmes. Les lukas prenaient la parole et donnaient des ordres, les inconnus menaçaient. L’Ancien n’était pas là… Ses compagnons non plus, il s’occupaient de leurs affaires, de la protection de choses importantes, supposait Satin. Menaient à bien tâches ordonnées par des humains importants, et peut-être des tâches qui concernaient les Hisas.

Mais ils avaient désobéi, ne s’étaient pas présentés aux contremaîtres, pas plus que les Anciens, qui, eux aussi, détestaient les lukas.

« Rentrons-nous ? » demanda finalement quelqu’un.

Ils auraient des ennuis, s’ils rentraient après avoir fui. Les hommes se mettraient en colère, et les hommes avaient des fusils.

— « Non, » dit-elle et, comme des protestations s’élevaient, Dent-Bleue tourna la tête et dit d’une voix rogue :

— « Réfléchissez ! Si nous allons là-bas, les hommes y seront peut-être. Gros ennuis. »

— « Faim, » protesta un autre.

Personne ne répondit.

Les hommes leur retireraient peut-être leur amitié, à cause de ce qu’ils avaient fait. Ils s’en rendaient compte. Et, sans cette amitié, ils resteraient à jamais sur Downbelow. Satin pensa aux prairies de Downbelow, aux nuages immatériels sur lesquels elle croyait, autrefois, qu’il était possible de s’asseoir, à la pluie, au ciel bleu, aux feuilles gris-vert-bleu, aux fleurs, aux mousses accueillantes… et, surtout, à l’air qui était celui de sa patrie. Dent-Bleue en rêvait, peut-être, à présent que la chaleur de son printemps était passée et qu’elle n’avait pas donné la vie, étant jeune, dans sa première saison d’adulte. Dent-Bleue, à présent, avait une vision plus claire des choses. Parfois, il regrettait le monde. Parfois c’était elle. Mais être là-bas, toujours et à jamais…

Ciel-La-Voit, tel était son nom ; et elle avait vu la vérité. Le bleu était faux, une tenture semblable à une couverture la vérité était des immensités obscures et la face de Seigneur Soleil brillant dans le noir. La vérité serait toujours suspendue au-dessus d’eux. Sans la gentillesse des humains, ils retourneraient sur Downbelow, sans espoir, à jamais privés du ciel. Il n’y avait plus de patrie, à présent qu’ils avaient vu Soleil.

« Les lukas partiront un jour, » lui murmura Dent-Bleue à l’oreille.

Elle appuya le visage contre lui, essayant d’oublier qu’elle avait faim et soif, sans répondre.

« Les fusils, » dit une voix. « Ils vont tirer et nous serons perdus à jamais. »

— « Pas si nous restons ici, » dit Dent-Bleue, « et si nous faisons comme je dis. »

— « Ce ne sont pas nos humains, » intervint Le Gros, d’une voix grave. « Ils font mal à nos humains, ceux-là. »

— « C’est un combat entre humains, » répliqua Dent-Bleue. « Les Hisas ne sont pas concernés. »

Une pensée lui vint à l’esprit. Satin leva la tête.

— « Konstantin. Les konstantins se battent. Nous trouverons les konstantins, nous leur demanderons quoi faire. Trouver les konstantins, trouver les Anciens aussi, près de la Maison de Soleil. »

— « Demander à Soleil-Son-Ami ! » s’écria un autre. « Elle doit savoir. »

— « Où est Soleil-Son-Ami ? »

Il y eut un silence. Personne ne savait. Les Anciens gardaient ce secret.

— « Moi, je la trouverai. » C’était Le Gros. Il s’approcha d’eux, lui posa la main sur l’épaule dans le noir. « Je connais beaucoup d’endroits. Venez, venez. »

Elle soupira, embrassa sans conviction la joue de Dent-Bleue.

— « Viens ! » décida soudain Dent-Bleue, la prenant par la main. Le Gros était parti devant, pas précipités dans le noir. Ils suivirent et d’autres les imitèrent, dans les couloirs obscurs par les échelles et les endroits étroits, où il y avait parfois de la lumière et, le plus souvent, aucune. Quelques-uns abandonnèrent car ils passèrent parmi les tubes, dans des endroits glacés et d’autres qui brûlaient leurs pieds nus, et près de machines qui rugissaient avec une puissance terrifiante.

Dent-Bleue prenait parfois la tête, lui lâchant la main ; de temps en temps, Le Gros le poussait et passait devant lui. En fait, Satin pensait que Dent-Bleue ne savait pas où il allait, qu’il ne connaissait pas le chemin conduisant à Soleil-Son-Ami ; ils étaient allés dans la Maison de Soleil et, comme sur la planète, elle avait l’impression de connaître intuitivement le chemin… vers le haut ; elle pensait que ce devait être à gauche… mais, parfois, les tunnels ne tournaient pas à gauche ; et ils étaient tortueux. Les deux mâles avançaient, guidant alternativement, puis il vint un moment où ils trébuchèrent, essoufflés, et où d’autres furent distancés ; et, finalement, celui qui se trouvait derrière elle lui prit la main, suppliant… mais Le Gros et Dent-Bleue avançaient toujours et elle risquait de les perdre. Elle abandonna leur dernier partisan et continua, tentant de les dépasser.

« Assez, » supplia-t-elle quand elle les eut rejoints sur les marches métalliques. « Assez, retournons. Vous êtes perdus. »

Le Gros n’écouta pas. Le souffle court, il continua de monter ; elle s’accrocha à Dent-Bleue qui grogna d’un air mécontent et suivit Le Gros. Folie. La folie s’était emparée d’eux.

« Vous ne me montrez rien, » gémit-elle. Elle sauta sur place, désespérée, s’élança à leur suite, essoufflée, essayant de les raisonner, eux qui n’étaient plus sensibles à la raison. Ils dépassèrent des panneaux et des portes qui leur aurait permis de gagner l’extérieur ; ils n’en tinrent pas compte… mais, finalement, ils arrivèrent à un endroit où il leur fallut choisir, où une lampe bleue était allumée au-dessus d’une porte ; où il y avait des échelles dans tous les sens, vers le haut, vers le bas et dans trois autres directions.

« Ici, » annonça Le Gros après une hésitation, touchant les boutons de la porte. « C’est par ici. »

— « Non, » gémit Satin.

— « Non, » protesta Dent-Bleue, retrouvant peut-être son bon sens ; mais Le Gros appuya sur un bouton et entra dans le sas lorsque la porte s’ouvrit.

« Reviens ! » cria Dent-Bleue, et ils tentèrent de le retenir, lui que la rivalité rendait fou, qui faisait cela pour elle et pour aucune autre raison. Ils le suivirent : la porte se ferma derrière eux. La deuxième porte s’ouvrit, Le Gros ayant appuyé sur les boutons quand ils l’eurent rejoint et il y eut une lumière… aveuglante.

Et, soudain, les fusils tirèrent et Le Gros tomba avec une odeur de brûlé. Il hurla et glapit horriblement, Dent-Bleue pivota sur lui-même et appuya sur le bouton de l’autre porte, son bras puissant l’entraînant quand la porte s’ouvrit et qu’ils furent pris dans un violent courant d’air. Des voix d’hommes couvrirent le gémissement des sirènes, étouffées quand la porte se referma. Ils gagnèrent les échelles et s’enfuirent, s’enfuirent à l’aveuglette dans les tunnels obscurs, au plus profond du noir. Ils quittèrent leurs masques, mais l’air avait un parfum étrange. Finalement ils s’arrêtèrent, frissonnants et couverts de sueur. Dent-Bleue se balançait et gémissait de douleur dans le noir et Satin chercha la blessure, trouva ses doigts pressés contre son bras. Elle lécha la blessure, qui était fiévreuse et brûlée, fit de son mieux pour calmer la douleur, le serra contre elle dans l’espoir d’apaiser la rage qui le faisait trembler. Ils étaient perdus, perdus dans les tunnels obscurs ; et Le Gros avait trouvé une mort horrible et Dent-Bleue assis soufflait de douleur et de colère, les muscles contractés et agité de frissons. Mais, quelques instants plus tard, il se secoua, lui lécha la joue, frémit quand elle le serra dans ses bras.

« Oh, rentrons chez nous, » souffla-t-il. « Oh, rentrons chez nous, Tam-Utsa-Pitan, et cessons de fréquenter les humains. Plus de machines, plus de champs, plus de travail, seulement les Hisas, toujours et toujours. Rentrons chez nous. »

Elle ne répondit pas. Elle était responsable du désastre, car elle avait émis l’idée, car Le Gros la désirait et Dent-Bleue avait relevé le défi, comme s’ils étaient dans les collines. Son désastre, sa faute. À présent, Dent-Bleue lui-même envisageait d’abandonner son rêve, n’avait pas envie d’aller plus loin. Ses yeux s’emplirent de larmes ; doute, solitude, regrets. À présent, ils étaient dans une situation plus difficile car, pour retrouver leur chemin, il leur faudrait monter jusqu’aux endroits des hommes, ouvrir une porte, demander de l’aide, et ils avaient vu ce qu’il en coûtait. Ils se serrèrent l’un contre l’autre et ne bougèrent plus.

II

COMMANDEMENT CENTRAL ; 2300 HEURES.

Mallory paraissait fatiguée ; le regard vide, elle arpentait les allées du poste de commandement, les innombrables trajets possibles, tandis que ses soldats montaient la garde. Damon la regardait, appuyé contre un tableau de commandes, affamé et fatigué ; mais il se disait que ce n’était rien en comparaison de ce que devait ressentir le personnel de la Flotte qui avait vécu un saut puis s’était attaché à ces ennuyeuses tâches de police ; les employés, jamais relevés, avaient l’air hagard, murmuraient de timides protestations… mais les soldats ne pouvaient se faire remplacer.

« Allez-vous passer la nuit ici ? » lui demanda-t-il.

Elle lui adressa un regard glacé, ne répondit pas, continua de faire les cent pas.

Il l’observait depuis plusieurs heures, présence inquiétante. Elle avait une manière de se déplacer qui ne faisait pas de bruit, sans vanité mais, peut-être, avec la certitude inconsciente que tout le monde s’écarterait devant elle. C’était ce qui se passait. Les techs qui devaient se lever ne le faisaient que lorsque Mallory arpentait une autre allée. Elle n’avait pas menacé… parlait peu, surtout aux soldats, de sujets qu’ils étaient seuls à connaître. Elle était calme et, de temps en temps, quand la fatigue était moins sensible, agréable. Mais, de toute évidence, la menace était là. La plupart des habitants de la station n’avaient jamais vu de près le matériel que possédaient Mallory et ses soldats ; n’avaient jamais touché un fusil, et auraient été incapables de définir ce qu’ils voyaient. Il dénombra trois modèles différents dans cette unique section : le pistolet léger, le pistolet à canon long, le fusil lourd, tous en plastique noir et symétries inquiétantes ; l’armure, qui diffusait la chaleur projetée par ces armes… cela donnait aux soldats l’apparence mécanique de leurs armes ; il ne s’agissait plus d’êtres humains. Lorsqu’ils étaient là, il était impossible de se détendre.

Un tech se leva, de l’autre côté de la salle, regarda par-dessus son épaule, comme pour voir si les fusils avaient bougé… s’engagea dans l’allée comme si elle était minée. Lui donna un message imprimé, s’en alla aussitôt. Damon garda le message à la main, sans le lire, conscient du regard de Mallory. Elle s’était arrêtée. Il ne savait comment se soustraire à son attention, déplia le morceau de papier, lut.

 

PSSCIA/PACPAKONSTANTINDAMON/AUI-1-1/1030/4/10/ 52/2136-J/0936A-J/DÉBUT/PAPIERS TALLEY CONFISQUÉS ET TALLEY ARRÊTÉ SUR ORDRE FLOTTE/SERVICE

SEC DONNE CHOIX ENTRE DÉTENTION LOCALE OU INTERVENTION MILITAIRE/TALLEY DÉTENU ICI/TAL-LEY DEMANDE MESSAGE ENVOYÉ FAMILLE KONSTANTIN/ACCOMPLI/DEMANDONS INSTRUCTIONS/ DEMANDONS CLARIFICATION SITUTION/ SAUNDERSREDONESECCOM/FJNFINFIN.

 

Il leva la tête, le cœur battant, partagé entre le soulagement et l’inquiétude. Mallory le regardait dans les yeux, le visage exprimant la curiosité et un intérêt chargé de défi. Elle se dirigea vers lui. Il envisagea de mentir carrément, espérant qu’elle n’insisterait pas pour voir le message, n’en ferait pas une affaire. Il récapitula ce qu’il savait d’elle et conclut que tel ne serait pas le cas.

 

« Un de mes amis a des ennuis, » dit-il. « Il faut que j’aille l’aider. »

— « Des ennuis avec nous ? »

Il envisagea une nouvelle fois de mentir.

« C’est-à-dire ? »

Elle tendit la main. Il ne donna pas le message.

« Je peux peut-être vous aider. » Ses yeux étaient glacés et sa main resta tendue, paume vers le haut. « Devons-nous supposer, » questionna-t-elle, face à sa réticence, qu’il s’agit d’une affaire gênante pour la station ? Ou bien devons-nous faire d’autres suppositions ? »

Il donna le papier pendant qu’il en était encore temps. Elle le lut, parut un instant troublée et, progressivement, l’expression de son visage changea.

« Talley, » dit-elle. « Josh Talley ? »

Il acquiesça, et elle fit la moue.

« Un ami des Konstantin. Comme les choses changent ! »

— « Il est Adapté. »

Les paupières battirent.

« Sur sa demande, » précisa-t-il. « Quelle autre solution lui avait laissé Russell ? »

Elle ne le quitta pas des yeux et il aurait voulu pouvoir regarder ailleurs, être ailleurs. On parlait, pendant l’Adaptation. Cela créait, entre Pell et elle une intimité qu’il ne souhaitait pas… que, de toute évidence, elle ne souhaitait pas… les dossiers de la station.

— « Comment va-t-il ? » demanda-t-elle.

Cette simple question lui parut étrangement écœurante et il se contenta de la regarder fixement.

« L’amitié, » fit-elle. « L’amitié entre deux pôles tellement opposés ! Ou bien est-ce du paternalisme ? Il a demandé l’Adaptation et vous la lui avez fournie ; vous avez terminé ce que Russell avait commencé… Je perçois des sensibilités troublées, n’ai-je pas raison ? »

— « Nous ne sommes pas Russell. »

Un sourire que ses yeux démentaient.

— « Heureux le monde, M. Konstantin, où l’on peut encore être scandalisé, et où il existe une Quarantaine… dans la même station. Côte à côte et administrés par vos services. À moins que ça ne soit de la compassion qui a mal tourné. Je soupçonne que ce sont les demi-mesures qui ont créé cet enfer. L’exercice de votre sensibilité. Votre raison personnelle d’être scandalisé, ce soldat de l’Union ? Votre justification morale… ou bien votre opinion sur la guerre, M. Konstantin ? »

— « Je veux qu’il soit libéré. Je veux qu’on lui rende ses papiers. Il n’appartient plus à aucun camp. »

Personne ne parlait à Mallory sur ce ton ; personne. Au bout d’un long moment, elle rompit le contact de leurs regards, le congédiant, hochant lentement la tête.

— « Vous vous portez responsable ? »

— « Je serai responsable. »

— « Dans ce cas… Non. Non, M. Konstantin, ne partez pas. Il est inutile que vous vous déplaciez personnellement. Je vais le faire libérer par les canaux de la Flotte, le renvoyer chez lui… sur la foi de vos déclarations. »

— « Vous pouvez voir les dossiers, si vous le voulez. »

— « Je suis certaine qu’ils ne contiennent rien de neuf. » Elle leva la main, adressant un signe à quelqu’un qui se trouvait derrière lui, un geste bref. Un frisson lui parcourut l’échiné car il se rendit soudain compte qu’un fusil avait été pointé sur son dos. Elle gagna le tableau de commandes des coms, se pencha sur le tech, brancha le canal de la Flotte.

« Ici Mallory. Libérez Joshua Talley, qui se trouve au centre de détention de la station, et rendez-lui ses papiers. Informez les autorités concernées, Flotte et station. Terminé. »

Une voix impersonnelle, indifférente, accusa réception.

— « Puis-je, » demanda Damon, « puis-je l’appeler ? Il aura besoin d’instructions précises… »

« Monsieur, » interrompit un tech, se tournant vers lui. « Monsieur… »

Il adressa un bref regard au visage inquiet.

« Un Downer a été abattu, monsieur, à Vert quatre. »

Il eut le souffle coupé. Pendant un instant, son esprit refusa de fonctionner.

« Il est mort, monsieur. »

Il secoua la tête, pris de nausées, se tourna et foudroya Mallory du regard.

— « Ils sont inoffensifs. Aucun Downer n’a jamais levé la main sur un être humain, sauf pour s’échapper, dans un moment de panique. Jamais ! »

Mallory haussa les épaules.

— « De toute manière, il n’y a plus rien à faire, M. Konstantin. Occupez-vous de vos affaires. Quelqu’un a tiré à mauvais escient ; nos hommes avaient l’ordre de ne pas tirer. C’est notre affaire, pas la vôtre. Notre personnel s’en occupera. »

— « Ce sont des gens, capitaine. »

— « Nous tirons aussi sur les gens, » répondit-elle sans se démonter. « Occupez-vous de vos affaires. Ce problème entre dans le cadre de la  loi martiale et je le réglerai. »

Il resta immobile. Tous les employés du poste de commandement étaient tournés vers eux et des témoins négligés clignotaient sur le tableau de commandes.

— « Remettez-vous au travail ! » ordonna-t-il sèchement, et les employés se retournèrent immédiatement. « Envoyez un médecin dans le secteur en question. »

— « Vous abusez de ma patience, » le prévint Mallory.

— « Ce sont des citoyens. »

— « Vous accordez facilement votre citoyenneté, M. Konstantin. »

— « Écoutez… la violence les terrifie. Si vous voulez désorganiser complètement la station, capitaine, faites peur aux Downers. »

Elle examina ce point, hocha finalement la tête, sans rancœur.

— « Si vous pouvez parvenir à redresser la situation, M. Konstantin, faites-le. Et allez où bon vous semble. »

Comme ça. Allez. Il s’en alla, regarda brièvement Mallory, avec terreur, car elle pouvait se permettre de négliger un affrontement public. Il avait perdu, avait cédé à la colère… et Allez avait-elle dit, comme si son orgueil ne comptait pas.

Il s’éloigna, avec l’impression troublante d’avoir fait quelque chose de désespérément dangereux.

« Laissez passer Damon Konstantin, » annonça la voix de Mallory dans les couloirs, et les soldats, qui avançaient dans l’intention de l’arrêter, renoncèrent.

III

ACCÈS D’ENTRETIEN VERT 4/10/52 ; 2330 HEURES.

Il courut, sortant de l’ascenseur à Vert quatre, ses papiers et sa carte à la main, les montra à un soldat zélé qui voulait lui barrer le chemin, passa. Les soldats, massés devant lui, empêchaient de voir. Il arriva en courant, fut brutalement saisi, montra sa carte et se fraya un chemin au milieu des soldats.

« Damon ! » Il entendit la voix d’Elene avant de la voir, pivota sur lui-même, trouva ses bras dans la foule de soldats en armures, la serra contre lui.

« C’est un temporaire, » dit-elle, « un mâle qui s’appelle Le Gros. Mort. »

— « Ne reste pas ici, » dit-il, se méfiant des réactions des soldats. Il regarda derrière elle. Il y avait beaucoup de sang, par terre, devant l’accès. On avait mis le corps du Downer dans un sac et sur une civière. Elene, le tenant par le bras, ne semblait pas avoir la moindre intention de partir.

— « Il a été coincé dans la porte, » expliqua-t-elle. « Mais il était sans doute déjà mort… Lieutenant Vanars, de l’Inde, » souffla-t-elle, car un jeune officier se dirigeait vers eux. « Responsable de l’unité. »

— « Que s’est-il passé ? » demanda Damon au lieutenant. « Que s’est-il passé ici ? »

— « M. Konstantin ? Une erreur regrettable. Le Downer est sorti brusquement. »

— « Ici, c’est Pell, lieutenant, il y a des civils partout. Il faudra fournir à la station un rapport complet sur cet incident. »

— « En vue d’assurer la sécurité de votre station, M. Konstantin, je vous conseille de réviser vos procédures de sécurité. Vos ouvriers ont forcé le sas. C’est cela qui a coupé le Downer en deux, quand le panneau de sécurité s’est refermé ; on a ouvert la porte intérieure à contretemps. Où vont ces tunnels ? Partout ? »

— « Ils se sont enfuis, » intervint Elene. « Ils sont partis. Il s’agit probablement de temporaires qui ne connaissent pas bien les tunnels. Ils ne sortiront plus, à présent, ils auront peur des fusils. Ils vont se cacher et se laisser mourir. »

— « Ordonnez-leur de sortir ! » dit Vanars.

— « Vous ne comprenez pas les Downers, » répliqua Damon.

— « Faites-les sortir des tunnels. Fermez les accès ! »

— « L’entretien de Pell est fait par ces tunnels, lieutenant ; et les Downers vivent dans ce réseau, avec leur propre système atmosphérique. On ne peut pas fermer les tunnels. J’y vais, » dit-il à Elene. « Ils m’écouteront peut-être. »

Elle se mordit la lèvre.

— « Je resterai ici, » dit-elle, « jusqu’à ton retour. »

Il aurait pu présenter des objections. Ce n’était pas leur place. Il adressa un bref regard à Vanars.

— « J’en aurai peut-être pour longtemps. Pell ne peut pas se passer des Downers. Ils ont peur et ils peuvent accéder à des endroits où ils mourront et poseront de gros problèmes. Si j’ai des ennuis, contactez les autorités de la station, n’envoyez pas de soldats ; nous les connaissons. Si on tire à nouveau en leur présence, nous n’aurons sans doute plus de système d’entretien, lieutenant. Notre système de pressurisation et le leur sont liés, et l’équilibre est délicat. »

Vanars ne répondit pas. Ne réagit pas. Il était impossible de deviner si la raison avait un sens pour lui et pour les autres. Il serra la main d’Elene, s’éloigna, se fraya un chemin entre les soldats en armures, s’efforça de ne pas marcher dans la flaque de sang quand il ouvrit le sas.

La porte s’ouvrit, se referma derrière lui, le cycle commençant automatiquement. Il prit le matériel respiratoire qui était toujours suspendu à la paroi droite de ce type de sas, le mit avant que les effets devinssent gênants. Sa respiration prit le bruit sifflant qu’il associait inconsciemment avec la présence des Downers, résonnant dans la cabine métallique. Il ouvrit la porte intérieure et l’écho retentit dans l’immensité des profondeurs. Il y avait une faible lumière bleue, à l’endroit où il se trouvait, mais il ouvrit le placard proche de la porte et y prit une lampe. Le rayon puissant révéla un enchevêtrement métallique.

« Downers ! » cria-t-il, sa voix résonnant lugubrement. Il prit conscience du froid quand il franchit le seuil et laissa la porte se referme, s’immobilisa sur la plateforme d’où partaient de nombreux escaliers. « Downers ! C’est Damon Konstantin ! M’entendez-vous ? »

Les échos moururent lentement, dans les profondeurs.

« Downers ! »

Un gémissement sortit du noir, puis une lamentation qui lui fit dresser les cheveux sur la nuque. Colère ?

Il avança, serrant la lampe dans une main et la mince rampe dans l’autre, s’arrêta et écouta.

« Downers ? »

Quelque chose bougea dans les profondeurs obscures. Des pas légers résonnant doucement sur le métal, tout en bas.

— « Konstantin ? » dit une voix mal assurée. « Homme-Konstantin ? »

— « C’est Damon Konstantin ! » cria-t-il. « Remontez, s’il vous plaît. Pas de fusils. Pas de risque. »

Il resta immobile, perçut le léger frémissement de l’armature sur laquelle on marchait, dans les profondeurs obscures. Il entendit respirer et ses yeux aperçurent la lumière, tout en bas, miroitement semblable à une illusion. Il crut voir de la fourrure, un autre miroitement d’yeux, montant par étapes. Il resta parfaitement immobile, seul, vulnérable dans ces espaces obscurs. Ils n’étaient pas dangereux… mais on ne leur avait jamais tiré dessus.

Ils arrivèrent, plus distincts dans la lumière de sa lampe, exténués et gravissant péniblement le dernier étage, le souffle court, celui qui était blessé et l’autre, les yeux agrandis par la terreur.

« Homme-Konstantin, » dit ce dernier, les lèvres frémissantes. « Aider, aider, aider. »

Ils tendirent les bras, suppliants. Il posa la lampe sur le treillage métallique sur lequel il se tenait et les accueillit comme des enfants, toucha très doucement le mâle, car le pauvre avait le bras couvert de sang et montrait les dents en une grimace inquiétante.

— Très bien, » assura-t-il. « Vous ne risquez rien, vous ne risquez plus rien. Je vais vous faire sortir. »

— « Peur, homme-Konstantin. » La femelle caressa l’épaule de son mâle et ses grands yeux sombres allèrent alternativement de l’un à l’autre. « Tous cachés pas trouver chemin. »

— « Je ne comprends pas. »

— « Plus, plus de nous, très faim, très peur. S’il te plaît, toi aider. »

— « Appelle-les. »

Elle toucha le mâle, manifestement très inquiète. Le mâle lui dit quelque chose, la poussa, et elle tendit le bras, toucha Damon.

« J’attendrai, » assura Damon. « J’attendrai ici. Tout va bien. »

— « Amour, » dit-elle dans un souffle, puis elle s’éloigna, le métal des marches résonnant sous ses pas, disparaissant immédiatement dans le noir. Un moment plus tard, des glapissements et des trilles retentirent dans le noir, multipliés par l’écho ; des voix s’élevèrent d’autres endroits, mâles et femelles, graves et stridentes, de sorte que toutes les profondeurs obscures parurent prises de folie. Un cri strident s’éleva près de lui, le mâle appelant quelqu’un.

Ils arrivèrent dans le silence qui suivit, pas résonnant sur le métal, tout en bas, rares appels qui éveillaient de puissants échos, gémissements qui le faisaient frissonner. La femelle revint en courant, toucha l’épaule de son mâle, lui prit les mains.

« Moi Satin. Faire lui bien, homme-Konstantin. »

— « Il faudra qu’ils passent le sas par petits groupes, tu comprends ? Attention au sas. »

— « Moi savoir sas, » répondit-elle. « Faire attention. Va, va, moi amener autres. »

Elle redescendait déjà. Damon passa le bras autour du mâle et le fit entrer dans le sas, lui mit son masque parce qu’il était sous l’effet du choc et grimaçait de douleur, mais il ne tenta ni de mordre ni de frapper. La deuxième porte s’ouvrit sur un déluge de lumière, des hommes armés, et le Downer sursauta dans le cercle de son bras, montra les dents et cracha, céda à une pression rassurante. Elene était là, se frayant un chemin parmi les soldats, tendant les bras pour leur venir en aide.

« Faites reculer vos hommes ! » lança sèchement Damon, aveuglé par la lumière et incapable de distinguer Vanars. « Dégagez ! Cessez d’agiter vos fusils dans leur direction. « Il fit asseoir le Downer par terre, au pied de la paroi, tandis qu’Elene appelait le médecin. « Faites reculer ces soldats ! » répéta Damon. « Laissez-nous faire ! »

Un ordre fut donné. Il constata avec soulagement que les soldats de l’Inde reculaient et le Downer se calma, finit par accepter de confier son bras au médecin, qui s’agenouilla près de lui. L’air sentait le Downer en sueur, effrayé, odeur forte et musquée.

— « Il s’appelle Dent-Bleue, » annonça le médecin, vérifiant la plaque. Il prit quelques notes rapides, puis entreprit de soigner la blessure. « Brûlure et hémorragie. Sans gravité, le choc mis à part. »

— « Boire, » demanda Dent-Bleue, tendant la main vers la trousse. Le médecin l’écarta et promit de lui donner de l’eau quand il pourrait s’en procurer.

Le sas s’ouvrit, déversant une douzaine de Downers. Damon se leva, lisant la panique dans leurs regards.

« Moi-Konstantin, » dit-il immédiatement, car le nom comptait pour les Downers. Il avança les bras tendus, accepta l’accolade de Downers en sueur, désorientés, douces pressions de bras puissants, couverts de fourrure. Elene les accueillit de la même manière et, quelques instants plus tard, un autre groupe sortit du sas, formant une foule qui bloquait le couloir et dépassait en nombre les soldats qui se tenaient à l’extrémité. Les Downers jetaient des regards inquiets dans cette direction, mais restaient en groupe. Un autre sas plein et la femelle de Dent-Bleue, parlant avec animation jusqu’au moment où elle l’eut trouvé. Vanars approcha, pas particulièrement fier au milieu de ce flot de fourrure brune.

« Vous êtes prié de les conduire le plus rapidement possible dans un endroit sûr ! » annonça-t-il.

— « Utilisez vos coms pour nous dégager le passage via les rampes d’urgence, via quatre à neuf jusqu’aux docks, » dit Damon. « On peut accéder à leurs quartiers depuis cet endroit ; nous les accompagnerons. C’est le chemin le plus sûr et le plus rapide. »

Il n’attendit pas les commentaires de Vanars, fit signe aux Downers.

« Venez, » dit-il, et ils se turent, se mirent en marche. Dent-Bleue, le bras bandé, se leva précipitamment et dit quelque chose aux autres. Satin ajouta sa voix et, soudain, une sorte d’allégresse s’empara des Downers. Il partit, tenant Elene par la main, et les Downers les entourèrent, avec l’accompagnement bizarre des bruits des respirateurs, marchant joyeusement et rapidement. Les quelques sentinelles qu’ils dépassèrent restèrent parfaitement immobiles, soudain en minorité, et les Downers bavardaient de plus en plus librement quand ils atteignirent l’extrémité du couloir et s’engagèrent dans la large rampe en spirale sur laquelle donnaient des portes permettant d’accéder aux neuf niveaux. Un bras s’enroula autour du bras gauche de Damon, tandis qu’ils descendaient ; il regarda, s’aperçut que c’était Dent-Bleue, et Satin était avec lui, de sorte qu’ils étaient quatre de front sur la rampe, compagnie bizarre… cinq car un autre Downer avait pris Elene par la main. Satin cria quelque chose. Une acclamation répondit. Elle reprit la parole, sa voix résonnant dans les hauteurs et les profondeurs ; et, à nouveau, l’acclamation retentit, tout le monde sautant sans cesser de marcher. Quelqu’un cria, à l’arrière ; et les autres répondirent ; et une nouvelle fois. Damon serra la main d’Elene, à la fois ému et inquiété par ce comportement, mais les Downers étaient heureux de marcher à ses côtés et leurs cris ressemblaient de plus en plus à une chanson de marche.

Ils entrèrent dans Vert neuf, suivirent le long couloir… pénétrèrent dans le dock en poussant de grands cris, éveillant de multiples échos. La ligne de soldats qui gardait les accès aux vaisseaux s’agita nerveusement, mais sans plus.

« Restez près de moi ! » ordonna gravement Damon à ses compagnons, et ils obéirent, suivirent l’horizon courbe en direction de leurs quartiers, jusqu’au moment où il fallut se séparer. « Allez, » leur dit-il. « Allez et soyez prudents. Ne faites pas peur aux hommes-avec-fusils. »

Il croyait qu’ils partiraient en courant, s’éparpillant librement comme ils avaient commencé à le faire autour de lui. Mais, un par un, ils voulurent leur donner l’accolade, à Elene et à lui, avec une douceur tendre, de sorte que les adieux se prolongèrent.

Finalement, Satin et Dent-Bleue, qui les serrèrent dans leurs bras.

— « Amour, » dit Dent-Bleue.

— « Amour, » dit Satin à son tour.

Pas un mot, pas une question sur le mort.

— « Le Gros était perdu, » leur dit Damon, bien que la blessure de Dent-Bleue prouvât qu’ils avaient participé à l’affaire. « Mort. »

Satin dansa d’un pied sur l’autre, acquiesçant solennellement.

— « Toi le renvoyer chez lui, homme-Konstantin. »

— « J’enverrai, » promit-il. Des humains mouraient et ne justifiaient pas le transport. Ils n’avaient pas de lien étroit avec ce sol, avec le sol en général, éprouvaient un désir vague et désespéré d’être ensevelis, mais pas si cela posait des problèmes. Cela posait des problèmes, mais le fait d’avoir été assassiné loin de chez soi aussi. « J’y veillerai. »

— « Amour, » dit-elle solennellement, puis elle le serra une deuxième fois dans ses bras, posa tout doucement la main sur le ventre d’Elene et s’en alla en compagnie de Dent-Bleue, courant quelques instants plus tard vers le sas conduisant à leurs tunnels.

Elene resta immobile, la main sur le ventre, le regardant avec stupéfaction.

« Comment a-t-elle deviné ? » demanda-t-elle avec un rire étonné. Cela le troublait également.

— « Cela se voit un peu, » dit-il.

— « Pour eux ? »

— « Ils ne grossissent pas, » expliqua-t-il. Puis regardant, derrière elle, les docks et les soldats : « Viens. Je n’aime pas cet endroit. »

Elle regarda également les soldats et les groupes mêlés qui parsemaient l’horizon courbe des docks, près des bars et des restaurants. Des commerçants, gardant les militaires à l’œil, dans un dock qui leur avait été retiré.

— « Cet endroit appartient aux commerçants depuis que Pell existe, » rappela-t-elle, « les bars, les auberges. Il y a des établissements qui ferment et cela ne plaira pas aux soldats de Mazian. Les équipages des transports et ceux de Mazian… dans un bar, dans une auberge… il faudra que la police de la station soit très vigilante, quand des soldats seront en permission. »

— « Viens, » dit-il, la prenant par le bras. « Je ne veux pas que tu sois mêlée à tout ceci. Venir ici, marcher dans le couloir avec les Downers… »

— « Et toi, » répliqua-t-elle, « où étais-tu ? Dans les tunnels. »

— « Je les connais. »

— « Eh bien, je connais les docks. »

— « Alors, que faisais-tu là-haut ? »

— « J’étais ici quand l’appel est arrivé ; j’ai demandé un passe à Keu et je l’ai obtenu, j’ai demandé à son lieutenant de collaborer avec les services des docks ; je faisais mon travail, merci ; et, quand l’appel est arrivé par les coms de la Flotte, j’ai envoyé Vanars là-haut avant que quelqu’un d’autre se fasse tirer dessus. »

Il la serra tendrement contre lui, entra avec elle dans Bleu neuf, nouveau spectacle affligeant de soldats répartis dans les couloirs déserts.

« Josh, » fit-il soudain, lui lâchant le bras.

— « Quoi ? »

Il ne ralentit pas, se dirigea vers l’ascenseur, sortit ses papiers de sa poche, mais les soldats étaient ceux de l’Inde et ils leur firent signe de passer.

« Josh a été arrêté. Mallory sait qu’il est ici et où il est. »

— « Que vas-tu faire ? »

— « Mallory a accepté de le libérer. On l’a peut-être déjà relâché. Il faut que je demande au comp où il se trouve, s’il est toujours au centre de détention ou s’il est rentré chez lui. »

— « Il pourrait dormir chez nous. »

Il ne répondit pas, réfléchissant.

« Pourrons-nous dormir tranquilles autrement ? » demanda-t-elle.

— « De toute manière, avec lui, nous ne dormirons pas davantage. Nous serons les uns sur les autres, dans cet appartement. Autant qu’il dorme dans le même lit que nous. »

— « Ça ne serait pas la première fois. Et cela durera peut-être plus d’une nuit. S’ils lui mettent la main dessus… »

— « Elene. La station peut toujours protester. Il y a des choses, dans cette affaire, des choses personnelles que Josh… »

— « Des secrets ? »

— « Des choses qui ne supportent pas la lumière. Des choses que Mallory ne veut pas voir sortir, tu comprends ? Elle est dangereuse. J’ai rencontré beaucoup d’assassins qui avaient la tête moins froide. »

— « Capitaine de la Flotte. Ils sont tous pareils, Damon. Demande à n’importe quel commerçant. Tu sais, ils sont probablement de la même famille qu’eux, du point de vue des stations, mais ils ne rompraient pas leur formations pour saluer leur mère, non. Ce que la Flotte prend… elle le garde. Je connais mieux la Flotte que toi. Crois-moi, si nous voulons faire quelque chose, il faut le faire. Tout de suite. »

— « Si nous l’emmenons avec nous, cela apparaîtra dans les dossiers de la Flotte… »

— « Je crois que je sais ce que tu veux faire. »

Elle était entêtée. Il réfléchit, s’arrêta devant l’ascenseur, le doigt sur le bouton.

— « Je crois que nous devrions aller le chercher, » dit-il.

— « C’est bien ce que je pensais, » répliqua-t-elle.

Forteresse des étoiles T2
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